Suivre le Crucifié-Ressuscité...

Chaque année, les chrétiens sont invités à vivre, les derniers jours de Carême, la Semaine Sainte. Comme l’écrivait Saint Jean Chrysostome, cette semaine est « une grande semaine, non parce qu’elle a plus de jours que les autres, ou parce que les jours sont composés d’un plus grand nombre d’heures, mais à cause de la grandeur et de la sainteté des mystères que l’on y célèbre ». Elle s’ouvre par le Dimanche des Rameaux et de la Passion et se termine avec la Veillée Pascale, incluant le triduum pascal (jeudi, vendredi et samedi saints). Ensemble, parcourons les grands événements de cette semaine.

 

Le Dimanche des Rameaux et de la Passion

« Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »

 

Jour de joie où l’on célèbre l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem. Les rameaux, bénis ce jour-là, rappellent ceux agités par la foule accompagnant le Christ, acclamé alors comme un roi. Cette entrée dans la ville sainte est un prélude joyeux aux douloureuses humiliations que connaîtra Jésus et qui seront rappelées notamment par la lecture de la Passion au cœur de la célébration.  La liturgie de ce dimanche énonce tour à tour les événements qui seront célébrés par l’Eglise dans les jours suivants. Ainsi, pour prendre une image cinématographique, les Rameaux apparaissent comme une sorte de bande-annonce de la semaine à venir. 

Le Mardi Saint

« L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. »

 

Jour où est célébrée, dans notre diocèse (d’autres optent pour un autre jour), la messe chrismale. Elle est appelée ainsi car, pendant celle-ci, l’évêque bénit l’huile des malades et l’huile des catéchumènes (adultes se préparant au baptême) et consacre le Saint-Chrême (huile d’olive parfumée utilisée pour les baptêmes, la confirmation et les ordinations). Au cours de cette même célébration, les prêtres sont à invités à renouveler, devant l’évêque et l’assemblée, les engagements qu’ils ont pris le jour de leur ordination.

Le Jeudi Saint

« Faites cela en mémoire de moi. »

 

Jour où l’Eglise fait mémoire du dernier repas de Jésus avec ses disciples (la Cène). Elle contemple également, en Jésus qui lave les pieds de ses disciples, le Christ serviteur. Ce dernier nous invite, à sa suite, à nous mettre au service des uns des autres. La célébration s’achève dans le silence et se prolonge une partie de la nuit par un temps de prière et d’adoration.

Le Vendredi Saint

« Père, en tes mains, je remets mon esprit. »

 

Jour où l’Eglise célèbre la Passion et la mort du Christ. La liturgie nous invite à contempler la figure du serviteur souffrant et à méditer le mystère de la croix. Les lectures bibliques sont suivies d’une grande prière universelle et de la vénération de la croix, don infini de l’amour de Dieu pour les hommes. Ce même jour est souvent proposé un chemin de croix qui nous fait revivre les évènements de la passion de Jésus et nous fait réfléchir à la signification de ces évènements.

Le Samedi Saint

« Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité, il n’est pas ici. »

 

Jour pour l’Eglise du silence et de l’absence, du passage entre la mort et la vie, de l’espérance du retour du Christ. Au terme de ce jour commence la veillée pascale, vraie catéchèse à elle seule. Elle débute par la bénédiction du feu nouveau où est allumé ensuite le cierge pascal, symbole du Christ ressuscité. Résonne alors l’Exultet, chant de la proclamation de la résurrection du Seigneur. Il est suivi par une longue et riche liturgie de la Parole qui évoque toute l’histoire du salut. Puis on célèbre la liturgie baptismale avec la bénédiction de l’eau et s’il y en a, les baptêmes avant de célébrer l’eucharistie.

 

Le Christ est vraiment ressuscité ! Alléluia ! C’est sur ce cri de joie, de foi et d’espérance que s’achève la Semaine Sainte pour laisser place au temps pascal. Cinquante jours durant, l’Eglise revêtira ainsi ces habits de fête pour célébrer, de manière forte, la résurrection de son Seigneur.

 

Pendant cette semaine sainte, les fidèles sont invités à vivre comme une belle retraite en allant au cœur de la foi chrétienne. Alors prenons le temps, en communauté, de nous rassembler lors des différents offices pour entrer davantage dans ce grand mystère. Le Christ nous attend et compte sur chacun de nous pour le suivre dans sa mort et sa résurrection.

 

Horaires

Prière

Avec toi, Seigneur Jésus, nous commençons la grande semaine des chrétiens. Nous l'appelons la semaine sainte. Nous faisons mémoire des jours où, par l'offrande de ta vie, tu as scellé, dans le sang de ta croix, l'alliance nouvelle et éternelle entre Dieu ton Père et tes frères les hommes.

 

Ce dimanche est à la fête. Tu entres dans la ville comme un roi pénètre dans son royaume, sous les acclamations joyeuses et reconnaissantes des foules. Toutefois, à la différence des empereurs, ce n'est pas sur un cheval ni sur un char, mais sur un ânon, symbole d'humilité et de pauvreté. Roi aux mains nues, sans palais et sans armée. Ces foules qui t'acclament aujourd'hui seront les mêmes qui, dans quelques jours, demanderont ta mort.

 

Ce jeudi a le goût du pain partagé et de la vie libérée. En célébrant la Pâque avec tes disciples, tu fais mémoire de la sortie d'Égypte. Nouveau Moïse, tu réponds à l'appel du Père : « Me voici, Père, je viens faire ta volonté ! » Au nom du Père, tu renoues l'alliance avec l'humanité et tu l'enveloppes de son amour. Aujourd'hui encore, en rompant le pain et en versant le vin sanctifiés par l'Esprit, tu te donnes toi-même et tu nous offres les signes de ta présence au milieu de nous.

 

Ce vendredi porte la couleur sombre de l'espérance éprouvée. Tourné en dérision, tu es ballotté de tribunal en prétoire, de la salle de torture au lieu-dit Golgotha. Tu es seul au milieu de gens hostiles et de mauvaise foi. Avec tous les éprouvés de la terre, tu fais entendre ta plainte : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? » Tes amis te suivent de loin. L'un t’a renié, l'autre t'a trahi ; seuls Marie et ton disciple bien-aimé, avec quelques autres, sont près de toi, quand tu remets ton souffle entre les mains du Père.

 

Ce samedi est un jour de grands silence. La mort a fait son œuvre. Tu descends aux profondeurs de la terre chercher et sauver ceux qui sont perdus. Tu remontes vers le Père l'humanité blessée par le péché des hommes. La promesse faite à ton compagnon d'infortune se réalise : « Aujourd'hui avec moi, tu seras dans le paradis ! »

 

Ce dimanche est éclairé par la lumière de l'aube. Tu prends l'initiative de te faire voir aux tiens, au jardin, dans la maison ou sur la route. Désormais, passé par la mort et ressuscité par le Père, tu rejoins chacun là où il est. Désormais, « rien ne pourra nous séparer de l'amour du Père. » Avec toi, l'espérance renaît !

 

Père Jacques Roger